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LE JOURNAL: Le site francophone d’EiTB sacrifié

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La crise économique frappe de plein fouet les médias. Et n’épargne aucun groupe de presse. Dernière victime en date : le site d’information francophone d’EiTB, victime d’un plan de licenciements touchant l’ensemble des rédactions Web.

C’est mercredi, lors de l’assemblée des salariés, que les journalistes ont appris la mauvaise nouvelle : la baisse de 40 % du budget affecté au Web par le groupe EiTB oblige Media for Futur – le fournisseur de contenu Web – à dégrossir les rangs des rédactions. Une trentaine de personnes serait concernée par le plan social. “Les sites en français et en anglais vont arrêter d’émettre des informations en continu”, explique, amer, Frederik Verbeke, seul journaliste travaillant pour le contenu francophone et qui figure parmi les personnes visées par la procédure de licenciement. L’interface du site – qui comptabilise environ 1 500 lecteurs par jour en semaine – ne sera pas supprimée, mais elle restera relativement statique. Un choix justifié par des coupes budgétaires, mais à contre-courant d’un public qui glisse vers les sites d’informations.

En 2011, déjà, la rédaction francophone avait subi une première cure de minceur. Deux des trois journalistes avaient été évincés du projet. Le site avait pourtant dévoilé plusieurs informations brûlantes – Fertiladour, Canopia, ou Yara – et voyait ses résultats progresser. “Depuis 2011, j’ai essayé de garder le lectorat en faisant trois, quatre, voire cinq articles par jour.” Frederik Verbeke, à l’origine du projet en 2007, s’est battu seul. Avant le coup fatal.

Pendant un mois, salariés et direction doivent négocier avant que le plan social n’entre en vigueur. Mais le journaliste ne pense pas que les choses vont bouger d’ici le 12 juillet. Après, ce sera le licenciement : “Je vais poser mes congés avant de partir, donc le site fermera dès la dernière semaine de juin.”

Pluralité menacée par la crise

Avec la suppression d’une trentaine de postes, les sites en anglais et en français ne sont pas les seuls sacrifiés : les plates-formes en euskara et espagnol vont aussi voir leur rédactions fondre.

Cette annonce devrait une nouvelle fois inquiéter à l’heure où la crise économique menace la pluralité des médias. Une crainte exprimée sur Twitter par l’ancien journaliste d’EiTB Ramuntxo Garbisu : “Fin de l’espace d’information Internet en français du média basque EiTB, perte réelle de pluralité et de la visibilité nécessaire d’Euskal Herri.”

Antton ROUGET

LE JOURNAL 2013/6/13