En un medio público vasco, ¿cómo se puede hablar, mientras hay testimonios de tortura, de cosas efímeras ocurridas en Murcia o del tiempo que va a hacer en Santo Domingo de La Calzada?
Hola Xabier! Te preguntaras por qué te escribo esta carta. No te conozco personalmente, aunque he seguido tu trabajo periodístico, en muchos casos excelente, durante los últimos años. El pasado 11 de septiembre me pareció verte por las calles de Bilbo después de saber que habían prohibido la manifestación por los derechos civiles y estuve a punto de preguntarte qué opinabas sobre el tema, aunque finalmente no lo hice. En realidad esta carta no va dirigida sólo a ti, quisiera conocer también la opinión de todos tus compañeros que a diario se cuelan en nuestras casas para supuestamente hacer su trabajo: informar. Algo que te he visto hacer desde Irak , Palestina y muchos puntos conflictivos del mundo hasta que viniste a Europa. Quisiera aprovechar también para felicitar a tus compañeros Mikel Aiestaran y Berta Gaztelumendi por sus extraordinarias crónicas, en las que aparecen reflejadas todas las partes de los grandes conflictos políticos del mundo (una excepción hoy en día).
Dicho esto, quisiera que leyeras estas frases: «me aplicaron la bolsa hasta en veinte ocasiones hasta dejarme sin respiración», «me dejaron en bragas, me apoyaron medio cuerpo en una mesa, me ataron con una cuerda y amagaron con violarme, luego me echaron agua fría en la entrepierna», «Me rodearon todo el cuerpo con gomaespuma y tres me saltaron encima, uno en las piernas otro en los testículos y otro en la cabeza». Son testimonios de militantes políticos detenidos aquí en la última redada policial y tras cinco días de incomunicación total. La curiosidad me corroe. ¿Como reaccionáis los periodistas ante estas declaraciones? ¿Os las creéis? ¿Son consignas de ETA? Si es así, ¿por qué no se aplica ni tan siquiera el protocolo de prevención de la tortura del reputado demócrata y amigo de los vascos Juez Garzón? ¿Por qué no se les ha aplicado el hábeas corpus? ¿Por qué nadie demuestra que no han sido torturados? ¿Los Abu Graib cercanos son peligrosos?
En la práctica totalidad de los medios de comunicación, incluido el tuyo, ni una palabra sobre el tema. ¿Qué será más doloroso, que torturen a tu hija o el silencio posterior? ¿Te imaginas cómo se tienen que sentir los detenidos y sus familiares (daños colaterales, ¿recuerdas?)? Mira, Xabier, yo tengo una teoría sobre la tortura: creo que todas las personas que vivimos en Euskal Herria sabemos que a los detenidos vascos se les tortura sistemáticamente. Pero ante esa realidad, son muy diversas las reacciones: Unos se alegran públicamente, otros se alegran pero nunca podrían aceptarlo públicamente (por aquello del Estado de derecho), otros la ven necesaria para obtener información y meter miedo (como en Israel, que la han legalizado), otros se indignan y callan, y otros se indignan y protestan. ¿En qué grupo os incluís vosotros?
Desde el punto de vista periodístico, aunque estas denuncias fueran simples sospechas, ¿cómo se pueden silenciar? Aún más desde un medio de comunicación público y vasco. ¿Cómo se puede hablar, mientras esto ocurre, de cosas efímeras ocurridas en Murcia o del tiempo que va a hacer en Santo Domingo de La Calzada? ¿Cómo es posible que sólo tengamos una televisión vasca y treinta y cinco españolas, y la única que tenemos nos trocea y nos humilla como pueblo constantemente? ¿Conoces a alguien ahí dentro que haya movido un dedo para cambiar algo? ¿O la nómina pesa demasiado?
Siento no haber podido charlar contigo de otra forma, tomando un café, escuchando tus vivencias y experiencias, pero aquí así están las cosas. Agradecería profundamente tu respuesta a alguna de estas preguntas, y si fuera meditada con algún compañero o compañera de trabajo, mejor. Parece que se avecinan cambios, a lo mejor si empujamos todos juntos un poquito...
Ondo izan!
Xabier Aranburu . Profesor de euskara
GARA 2010.09.24
http://www.gara.net/paperezkoa/20100924/222328/es/Carta-abierta-Xabier-M...
Lettre ouverte à Xabier Madariaga (ETB)
Salut Xabier ! Tu vas sûrement te demander pourquoi je t'écris cette lettre. Je ne te connais pas personnellement bien que j'aie suivi ton travail de journaliste, souvent excellent, ces dernières années. Le 11 septembre dernier il me semble t'avoir vu dans les rues de Bilbao après avoir su que la manifestation pour les droits civils avait été interdite et j'ai failli te demander ce que tu en pensais mais finalement je me suis abstenu. En fait, cette lettre ne s'adresse pas seulement à toi. Je voudrais aussi connaître l'opinion de tous tes collègues qui quotidiennement s'invitent dans nos maisons sous prétexte de faire leur travail : informer. Je t'ai vu faire cela depuis l'Irak, la Palestine et de nombreux lieux conflictuels du monde, jusqu'à ce que tu viennes en Europe. J'en profite aussi pour féliciter tes collègues Mikel Aiestaran et Berta Gaztelumendi pour leurs chroniques extraordinaires qui donnent la parole à toutes les parties prenantes des grands conflits politiques du monde (une exception de nos jours).
Ceci dit, je voudrais que tu lises ces phrases : «ils m'ont enserré la tête avec la poche en plastique une vingtaine de fois jusqu'à me couper la respiration», «ils m'ont laissé la culotte, m'ont appuyé la moitié du corps sur une table, m'ont attachée avec une corde et ont menacé de me violer puis ils m'ont jeté de l'eau froide à l'entre-jambes», «Ils m'ont enveloppé tout le corps de caoutchouc mousse et à trois ils se sont mis à me sauter dessus, un sur les jambes, une autre sur les testicules et un autre sur la tête». Ce sont des témoignages de militants politiques arrêtés ici lors de la dernière rafle policière et après cinq jours de mise au secret absolu. La curiosité me ronge. Quelle réaction avez-vous en tant que journalistes face à ces déclarations ? Les croyez-vous ? Sont-elles des consignes d'ETA ? Si c'est le cas, pourquoi n'applique-t-on pas au moins le protocole de prévention de la torture du «réputé démocrate et ami des Basques» le juge Garzon ? Pourquoi n'ont-ils (elles) pu bénéficier de l'habeas corpus ? Pourquoi personne ne démontre qu'ils n'ont pas été torturés ? Les Abu Graïb à notre porte sont-ils dangereux ?
Silence des médias
Pratiquement tous les médias, y compris le tien, ne font aucune mention du sujet. Qu'est-ce qui te serait le plus douloureux, que l'on torture ta fille ou le silence dont on envelopperait cela ? Est-ce que tu t'imagines ce que ressentent les détenus et leurs familles (dommages collatéraux, tu te souviens ?). Voyons, Xabier, moi j'ai une théorie sur la torture : je crois que nous tous qui vivons en Euskal Herria nous savons que les détenus basques sont torturés systématiquement. Mais face à cette réalité, les réactions sont très diverses : certains se réjouissent publiquement, d'autres se réjouissent aussi mais ils ne sauraient jamais le reconnaître publiquement (Etat de Droit oblige), d'autres la jugent nécessaire pour obtenir de l'information et répandre la peur (comme en Israël où elle a été légalisée), d'autres s'indignent et se taisent et d'autres s'indignent et protestent. Dans quel groupe vous placez-vous, pour votre part ?
Comment peut-on taire ça ?
Du point de vue journalistique, même si ces plaintes n'étaient que de simples soupçons, comment peut-on les taire ? D'autant plus depuis un moyen de communication public et basque. Comment peut-on parler, alors que cela se passe, de choses éphémères arrivées à Murcia ou du temps qu'il fera à Santo-Domingo-de-la-Calzada ? Comment est-il possible que nous n'ayons qu'une télévision en basque et trente-cinq espagnoles, et que la seule que nous ayons nous éparpille en morceaux et nous humilie en tant que peuple constamment ? Connais-tu quelqu'un là-dedans qui ait bougé un petit doigt pour changer quelque chose ? Ou la feuille de paie plombe-t-elle tout ?
Je regrette de n'avoir pu parler avec toi ainsi, en prenant un café, en écoutant ton vécu, tes expériences, mais les choses sont ainsi. Je te serais profondément redevable de bien vouloir répondre à certaines de ces questions et si elle était commentée avec un ou une de tes collègues, encore mieux. Il semble que des changements se profilent et donc si nous nous y mettons ensemble tous un peu... Ondo izan !
24-09-10 / Par Xabier ARANBURU, professeur d’euskara (traduction Urtsua parot)
LE JOURNAL 2010.09.28